3. La sensibilité de l’Occident pour Kobané

Nous savons que les manifestations du printemps arabe qui ont éclaté en 2011 ont eu un impact particulièrement dommageable en Syrie. On se rappellera que Daech (Etat islamique d’Irak et du Levant ou Etat islamique en juin 2014), devenu de plus en plus puissant sur le territoire syrien, a pris un certain nombre de points stratégiques et avait progressé en Irak. Ce qui est intéressant, c’est que Daech s’était emparé de zones comme Raqqah et Deir ez-Zor, des villes d’importance stratégique en termes de pétrole et de proximité à la frontière, capturant Falloujah, Ramadi et finalement Mossoul en Irak et avaient pris le contrôle de la ville turkmène de Tuz Khormato, puis s’était avancé au gouvernorat d’Al Anbar et s’était approché de la capitale irakienne Bagdad. L’Occident était resté silencieux jusqu’à présent, mais lorsque Daech a modifié son plan existant et a commencé à cibler les zones kurdes, l’Occident est entré en action. Au moment où l’on a senti une attaque contre la région kurde en Irak, l’Occident, jusque-là resté sourd aux appels à l’action contre Daech, a établi une puissante coalition pour protéger ces régions. Le deuxième et plus important bondissement est venu avec l’attaque de Daech contre Kobané.

Les lecteurs se rapelleront qu’après avoir autorisé le passage des civils dans le canton de Kobané, Daech a alors lancé une opération de guérilla contre le PYD (l’aile syrienne de l’organisation terroriste PKK) contrôlant la zone. Les forces de la coalition se sont rapidement et obstinément alignées aux côtés du PYD, ont commencé à bombarder les zones occupées et à fournir une assistance militaire aux YPG, les forces armées du PYD. A ce moment-là, comme s’ils s’étaient mis d’accord, toute la presse occidentale a fait de Kobané leur principal récit, a donné l’impression qu’une tragédie jamais vue auparavant se déroulait alors que les principales chaînes de télévision ne couvraient presque que cela. Une vaste campagne de soutien, dont on a rarement vu de pareil, a été lancée sur les réseaux sociaux pour Kobané. Une manifestation internationale extraordinaire a été lancée, comme si cette petite ville était le seul endroit qui avait été capturé par Daech. Alors que Daech, qui déclarait avoir fondé un « Etat islamique » pendant que tout cela se passait, avait établi son propre système dans des villes clés telles que Raqqah, Mossoul, Ramadi et Falloujah. Il a imposé son propre programme d’enseignement, appliqué ses propres lois et mis en place son propre système judiciaire. Mais personne n’a même pas parlé de ces endroits.

Bien sûr, nous n’avons aucun désir de voir une quelconque victime dans un quelconque endroit, que ce soit dans un village, dans une ville, dans une cité ou un pays, le peuple de Kobané est aussi notre peuple. Effectivement, la Turquie était le seul pays à faire preuve d’une sensibilité humaine dans l’immédiat après l’attaque de Kobané, acceptant d’accueillir quelque 200 000 Kurdes de Kobané comme réfugiés. En conséquence, les habitants de Kobané étaient déjà placés sous protection.

Il faut également préciser qu’il ne nous est pas possible de prendre part au consortium connu sous le nom de coalition, créée pour mener des opérations militaires contre Daech. De même que nous n’avons pas soutenu les opérations militaires de la coalition visant Mossoul, Raqqah ou toute autre zone afin de neutraliser Daech, il nous est impossible de soutenir des attaques visant Kobané. Une solution pacifique ne peut être apportée à la région que par une approche rationnelle et scientifique, et non par l’utilisation d’armes. Les armes n’ont jamais apporté de solution et ne peuvent jamais en apporter.

1. 26 novembre 2010, Bugün – Wikileaks : L’Amérique a aidé le PKK
2. Les officiers américains au camp du PKK
3. Le 4 avril 2013, Aydınlık – Les forces spéciales ont confirmé le lien US-PKK en 2007
4. Le 19 août 2006, Ortadoğu – Opinion du PKK sur l’appel « à déposer les arme » des Etats-Unis : Les Etats-Unis nous considèrent comme des gens avec qui traiter
5. Triste confession des Etats-Unis : « Les armes du PKK nous appartiennent »
6. Le 17 octobre 2014, Aydınlık – D’une alliance secrète à une collaboration ouverte – La collaboration officielle US-PKK – Les signaux d’assistance militaire de l’Allemagne

La plus grande erreur de l’Occident concernant le plan de l’Etat kurde, était de croire qu’il pouvait y parvenir par le biais du PKK. C’est pourquoi il soutient le PKK à chaque occasion. Le PKK a porté un masque impérialiste pour en bénéficier et a notamment déclaré que les Etats-Unis était son meilleur allié. Mais en réalité, chaque partie essaie d’utiliser l’autre.

Ce point sera expliqué en détail dans les pages suivantes.

Ce que nous souhaitons noter ici, ce sont les zones sensibles de l’Occident. La façon dont les forces de la coalition ont pris des mesures immédiates lorsque les zones kurdes en Irak et en Syrie ont été capturées confirme une fois de plus que ces territoires sont les plus importants pour l’Occident. La tourmente et la fragmentation en Syrie et en Irak n’ont pas été prises au sérieux. C’est parce que dans le plan, le Moyen-Orient doit être amené à cette situation à travers une série de facteurs. C’est la raison pour laquelle les forces de la coalition n’ont eu aucun scrupule à intervenir le jour où Kobané a été occupé, mais n’ont pas dit un mot sur la guerre civile en Syrie.

Mais la région kurde ne doit subir aucun préjudice. La protection de l’Occident à l’égard de la région kurde est peut-être apparue le plus clairement au cours de ces événements. Et cela est maintenant ouvertement affirmé par de nombreux Américains et Européens.

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5. Le masque impérialiste du PKK

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