6. Femmes sous le masque impérialiste

Quand le PKK a commencé le changement de la tactique en question dans les années 2000, il a également commencé à admettre des femmes dans l’organisation. A cette époque, des divisions importantes avaient éclaté au sein de l’organisation, elle avait été affaiblie et avait subie de lourdes pertes. Par conséquent, le but réel derrière l’admission de femmes au Parti était d’utiliser ces dernières comme combattantes pour encourager les hommes terroristes. Ainsi, à partir de là, en mettant en avant des femmes combattantes, le PKK a ouvert la voie à la concurrence sur la majorité mâle et a encouragé les hommes par ce moyen.

A partir de ce moment, le PKK a fait des femmes une part importante de son masque impérialiste. Il s’est manifesté comme un groupe parlant des droits des femmes et de l’importance accordée aux femmes au Moyen-Orient, où celles-ci sont trop souvent considérées comme des citoyens de seconde classe sur la base d’idées radicales. C’est un point très sensible pour l’Occident, et le PKK a habilement exploité cette sensibilité. Il a attiré l’attention de l’Occident en tant que seule communauté parlant des droits des femmes dans une région fondamentaliste qui n’accordait aucune valeur aux femmes.

Il faut préciser qu’il est bien entendu essentiel de soutenir la liberté et la supériorité des femmes, et que c’est l’un des principes de base de notre religion. En ce sens, le Moyen-Orient est une région très arriérée, la raison principale étant que depuis longtemps les territoires islamiques se sont détournés du Coran et ont adopté des superstitions. La Turquie doit être un pionnier en matière de valorisation des femmes et doit représenter un modèle immaculé pour le Moyen-Orient.

Le point critiqué ici, ce n’est pas les propos du PKK à ce sujet, mais son hypocrisie. Le PKK a adopté ce langage et ces politiques concernant les femmes uniquement parce que c’est le moyen le plus facile de gagner les faveurs de l’Occident. Cependant, les propos des femmes au sein de l’organisation suggère le contraire de ces belles paroles.

Une membre du PKK, dont le nom de code est Zelal, a affirmé :

« J’ai critiqué Öcalan pour son attitude et ses politiques. J’ai critiqué la démocratie interne de l’organisation et le retard des gens…. Ils m’ont mise en prison pendant deux mois. Quand je suis sortie, Öcalan m’a accusé de parler contre lui en présence de 500 personnes dans une zone d’entraînement. On n’a pas le droit de dire quoi que ce soit contre une divinité. Si vous parlez contre une divinité, vous serez frappé. En d’autres termes, il s’est attribué le statut divin. Je voulais quitter l’organisation, mais ils m’ont menacé de mort. Je n’avais jamais été aussi terrifiée dans ma vie. » 1

La personne dont le nom de code est Bese, qui était active dans l’organisation durant la transition en question, a dit :

« Quand j’ai rejoint le PKK j’étais dans les montagnes. J’avais une arme à feu, alors j’ai pensé que j’étais libre. Mais au fil du temps, j’ai réalisé que ce n’était pas la liberté. Parce que je n’avais pas d’identité propre. Je ne pouvais pas exprimer librement mes idées ou mes critiques. Je voulais quitter l’organisation, mais je ne pouvais pas partir. » 2

Une femme du nom de code Leyla a affirmé :

« En dehors des choses faites au niveau symbolique et au niveau de la démonstration, rien n’a été fait au sujet de la liberté pour les femmes dans le PKK. Et ce qui a été fait n’a fait qu’endommager un peu plus la liberté des femmes. Parce que c’était Öcalan, un homme qui a développé cette idéologie au nom des femmes qui les a organisées, a pris et mis en œuvre toutes les décisions. J’étais aussi libre avant de rejoindre le PKK. Je n’avais aucune opinion individuelle concernant le présent ou l’avenir dans le PKK, et je n’aurais jamais pu en avoir. » 3

Necati Alkan, Symboles, acteurs et femmes dans le PKK

En ce basant sur ces propres observations et interviews, l’écrivain Necati Alkan a ainsi affirmé dans son livre :

« Les femmes, auxquelles le PKK a confié divers rôles et devoirs à partir des années 1990, sont devenues la principale force qui a permis à l’organisation de survivre. Toutes les femmes interrogées ont déclaré que la « structure organisationnelle » s’effondrerait si cette force devait partir. Ronahi dit : « S’il n’y avait pas de femmes, vous n’auriez pas pu tenir les hommes dans l’organisation », Beritan affirme : « Les hommes restent dans les montagnes pour les femmes », Ejin dit : « Aucun homme ne resterait dans les montagnes s’il n’y avait pas les femmes », Revsen dit : « Si les femmes quittaient l’organisation, personne ne resterait dans les montagnes » et Pelin dit : « Si les femmes partaient, les hommes ne resteraient pas un instant dans les montagnes. » Toutes ces déclarations sont très significatives dans ce contexte. » 4

En réalité, selon l’analyse d’Alkan, les femmes, que le PKK considérait comme des « esclaves à libérer » dans les premières années, étaient appelées « camarades » à partir des années 1990 quand elles ont commencé à prendre part à des attaques armées. Puis à partir de 1996, elles ont été appelées « déesses » quand elles ont commencé à participer à des attentats-suicides. Cependant, malgré tous ces contes trompeurs, il apparaît que dans la pratique au sein de l’organisation, les femmes sont méprisées par les hommes, non considérées comme égales et sous-évaluées. Beaucoup de femmes qui étaient troublées face aux divergences entre les paroles et les actes de l’organisation et ses promesses et actions voulaient la quitter. Certaines se sont échappées, d’autres ont été capturées en tentant de s’échapper et dénoncées comme des traîtresses et punies. 5

Il n’est pas surprenant que malgré toutes ces discussions, les femmes disent que leur seul rôle dans le PKK était « d’être utilisée ». Les femmes ont toujours été considérées comme des entités sans valeur dans les systèmes communistes. La même chose s’applique donc aussi au sein du PKK. En effet, en partant de l’idéologie marxiste-léniniste, comme Öcalan considérait la famille, la loi, l’éducation, la religion, la tribu comme des établissements de structure de base, dans ses premiers écrits, il a qualifié les femmes de « rabaissant et altérant les hommes ». 6

De plus, comme le communisme est une idéologie qui désire un système communautaire, il ne peut être question de « valeur de la femme » dans un tel système. Sous le système voulu par le communisme, les femmes sont considérées comme des biens communaux, tout comme les enfants et tous les autres biens. Dans un environnement où il n’y a pas de système familial et moral, où tout est considéré comme une « marchandise » à exploiter dans l’arène communale, il est facile de comprendre quel genre de « valeur » pourrait être donné aux femmes.

NOTES :

  1. Necati Alkan, PKK’da semboller, aktörler ve kadınlar [Symboles, acteurs et femmes dans le PKK], 2012, Editions Karakutu, p. 104
  2. Necati Alkan, PKK’da semboller, aktörler ve kadınlar [Symboles, acteurs et femmes dans le PKK], 2012, Karakutu Publishing, p. 256
  3. Necati Alkan, PKK’da semboller, aktörler ve kadınlar [Symboles, acteurs et femmes dans le PKK], 2012, Editions Karakutu, p. 256
  4. Necati Alkan, PKK’da semboller, aktörler ve kadınlar [Symboles, acteurs et femmes dans le PKK], 2012, Editions Karakutu, p. 258
  5. Necati Alkan, PKK’da semboller, aktörler ve kadınlar [Symboles, acteurs et femmes dans le PKK], 2012, Editions Karakutu, p. 91
  6. Necati Alkan, PKK’da semboller, aktörler ve kadınlar [Symboles, acteurs et femmes dans le PKK], 2012, Editions Karakutu, p. 77

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